Histoire du Tacot
LIEU
En avril 1873 le conseil général de l'allier décidait, après d'interminables débats, la création d'un chemin de fer économique sur le département (dénommé également réseau secondaire). Cette décision allait apporter une profonde mutation des possibilités de déplacement des populations rurales. Le coût global de l'investissement devait être le plus limité possible, d'où le choix d'un réseau ferré à voie métrique. L'écartement plus faible des voies permettant de substantielles économies de construction. L’absence de passages à niveaux gardés, l’utilisation de rails de type “léger”, la charge maximum fixée à 100 tonnes environ et le nombre total de voitures limité à 12 contribuaient également à la réduction des coûts.
La concession de l'exploitation des lignes étant attribuée à la Société Générale des Chemins de fer Économiques (SE).
Un accord prévoyait la prise en charge par le département d'une partie importante d'un éventuel déficit d'exploitation.
Parmi les nombreuses lignes de ce chemin de fer départemental qui furent crées à partir de 1886, nous allons évoquer plus particulièrement la ligne Moulins/Cosne d'Allier.
Cette ligne, ouverte le 1er décembre 1886, partait de la gare de notre préfecture, empruntait le pont de fer et atteignait sa première étape, la gare de la Madeleine, puis traversait notre commune. Une gare (dénommée sur certains documents halte) était située en bordure de l'actuelle route de Saint-Menoux. Elle constituait la gare de Coulandon. Le bâtiment existe toujours. Il est localisé 9, route de St-Menoux .
La ligne était à voie unique. La circulation était basée sur le principe du bâton pilote (le conducteur du train devait impérativement posséder le bâton avant d'emprunter le tronçon de ligne concerné et il le transmettait au conducteur du train inverse à l'arrivée).
Notre gare possédait une double voie sur sa traversée permettant le croisement de deux trains. Un chef de gare dirigeait les manoeuvres des différents convois.
Le tacot filait, en fait trottinait car sa moyenne n’excédait pas 30 km/h, vers la prochaine halte en gare de St-Menoux. (En fait il existait également une halte à Marigny constituée d’un simple quai en béton). Il rejoignait ensuite Bourbon l'Archambault via la gare d’Agonges.
Bourbon l'Archambault constituait une importante halte. La station thermale attirait de nombreux curistes qui empruntaient ce moyen de transport pour se rendre dans leur lieu de cure.
La ligne se prolongeait jusqu’en gare de Cosne d'Allier via St Aubin et St Hilaire.
Cosne d'Allier était un noeud important du réseau métrique de l’Allier. L’ensemble des ateliers de réparation mais également de fabrication de certains wagons était situé dans cette ville. Ces installations ont employé jusqu’à 220 personnes.
La traction était assurée par des locomotives à vapeur spécifiques à la voie métrique. Les Wagons comportaient deux classes et le chauffage était assuré par un poêle à charbon alimenté par le contrôleur. Un trafic de marchandises existait également. La composition des trains était souvent mixte (voiture voyageurs et wagons marchandises). Dans les dernières années quelques locomotives diesel ont assuré le service.
Les anecdotes sont nombreuses sur ce petit chemin de fer. Les plus anciens d’entre nous se rappellent parfaitement des difficultés que rencontrait le convoi à franchir la côte de Patry avant d’arriver à notre gare, plus particulièrement pendant l’automne où les nombreuses feuilles mortes tombées sur la voie rendaient la montée délicate. Les accidents, souvent sans grande gravité, étaient néanmoins nombreux notamment les heurts d’animaux domestiques qui divaguaient sur les voies.
Les déraillements étaient également courants, notamment dans les premières années d'exploitation, essentiellement dus à l'inexpérience du personnel roulant.
Le tacot a également joué un rôle important pendant la deuxième guerre mondiale lors de ses franchissements quotidiens de la ligne de démarcation.
Néanmoins le déficit chronique et croissant associé à un vieillissement du matériel et une concurrence montante de la route ont précipité la fin du TACOT. Les lignes ont progressivement été fermées.
La ligne de Bourbon l'Archambault, la dernière, a fermé le 30 juin 1950. Ainsi disparaissait, après 65 ans d’existence, l’un des plus grands réseaux départementaux à voie métrique de France.
Un projet de musée permettant de conserver quelques exemplaires de ces matériels a été abandonné car jugé trop cher.
Toutes les lignes ont été déférées et les locomotives et wagons vendus aux enchères. La plupart des matériels ont ensuite été détruits pour récupérer les matériaux lourds.
Seuls subsistent deux wagons dont un en service sur le chemin de fer touristique de la Baie de Somme.
Le second est exposé au Musée des Tramways à Vapeur et des chemins de fer Secondaires français (wagon tombereau métallique deux essieux SE Allier n° P3723 construit par les ateliers de la SE de Cosne d'Allier). Ce wagon est classé Monument Historique. Le musée est situé en région parisienne à Butry Sur Oise (95).
Nous remercions particulièrement Messieurs Fournier, Moneyron et Roncigli pour leur aide à l’élaboration de cet article.